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Accueil de la bibliothèque > Dictionnaire pratique et historique de la musique par Michel Brennet (1926)

Dictionnaire pratique et historique de la musique
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Portée
Nom féminin.
Réunion de lignes sur lesquelles on écrit la musique. La portée générale est de 11 ou 13 lignes dans lesquelles se découpent les portées spéciales selon les clefs. La portée est de quatre lignes pour la notation du chant grégorien ou du plain-chant, de cinq lignes pour la notation usuelle de la musique moderne, vocale et instrumentale. On compte les lignes de la portée en commençant par celle du bas. Les notes se posent sur et entre les lignes. La portée moderne de cinq lignes peut contenir les notes comprises dans l'intervalle d'une octave et une quarte :

Les premiers essais de portée ont été faits par les théoriciens du moyen âge. Hucbald (IXe s.) trace six lignes entre lesquelles il partage les syllabes du texte, chaque interligne représentant, relativement au voisin, la distance d'un ton, et celui du milieu, d'un demi-ton, marqués t, tonus et s, semitonium:

soit


D'autres essais attribuent aux interlignes les noms des notes, ou les lettres qui les représentent. Ce sont des systèmes personnels. Les premiers essais de portée proprement dite apparaissent dans la notation neumatique aquitaine au XIe s., sous forme d'une ligne unique entaillée dans le parchemin, et dans la notation neumatique italienne sous forme d'une ligne tracée en rouge et munie d'une clef en forme de lettre. Guido d'Arezzo (1030) connaît déjà l'utilité de la portée pour la fixation de la hauteur relative des sons, et il s'en sert dans un antiphonaire qu'il présente au pape Jean XIX. Pendant le XIIe et le XIIIe s., se répand partout l'usage de la portée, que les scribes modifient selon les préférences locales ou personnelles en y groupant deux, trois ou quatre lignes, tracées en deux ou trois couleurs, les couleurs différentes servant à distinguer un degré de l'échelle et devenant un point de repère, auquel s'ajoutent facultativement les clefs.

Vers la fin du XIIIe siècle, la portée de quatre lignes est la plus répandue. Mais dans le moment où s'établit l'usage de la portée, et même longtemps après son adoption, il n'y a pas de fixité pour le nombre des lignes. Si le nombre de quatre lignes est le plus généralement adopté, c'est qu'il suffit à l'ambitus des mélodies; mais lorsque celles-ci s'étendent au delà, comme l'on n'emploie pas encore de lignes supplémentaires, ou bien l'on change de clef, ou bien l'on trace une 5e ligne. Dans un même manuscrit, on voit des portées de quatre et de cinq lignes. Il en est de même à l'époque où se répandent les livres de musique imprimés. Encore en 1671, un graduel imprimé à Mayence comporte des portées de cinq lignes : la démarcation ne s'est donc pas encore imposée entre la portée de quatre lignes, liturgique, et la portée de cinq lignes, profane. Les chansonniers manuscrits ont des portées tantôt de quatre lignes (Paris, fr. 844) tantôt de cinq lignes (Paris,
. fr. 9211, Guill. de Machaut, et Montpellier, H, 196) et en somme, il semble que le nombre des lignes ait paru longtemps une chose secondaire. Il y a six lignes dans le manuscrit de Chantilly (XVe s.).

Les anciennes tablatures instrumentales faisaient usage de portées où le nombre de lignes variait avec la nature de l'instrument. Les portées sont de six lignes à chaque main dans le célèbre recueil anglais de musique pour la virginale, intitulé Parthenia (1611). Elles sont de six lignes pour la main droite et huit pour la main gauche dans les Toccatas de Frescobaldi (1614). En d'autres oeuvres du même, la portée supérieure, pour la main droite, a cinq lignes, sous une clef de sol 2e ligne, la portée inférieure, pour la main gauche, a huit lignes avec deux clefs : la clef de fa 4e et la clef d'ut trois lignes au-dessus, soit à la 6e ligne. La portée a été aussi nommée pattée chez les anciens auteurs français.


Voir aussi: Tablature

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