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Accueil de la bibliothèque > Dictionnaire pratique et historique de la musique par Michel Brennet (1926)

Dictionnaire pratique et historique de la musique
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Clavicorde
Nom masculin.
Instrument à cordes frappées et à clavier, issu du manicordion joué au moyen âge par les jongleurs musiciens et appelé également échiquier, eschaqueil d'Angleterre, dulcimer et en allemand Schachbrett (échiquier). Son mécanisme, d'une extrême simplicité, ne comporte qu'un levier, dont une extrémité, formant la touche, s'abaisse sous la pression du doigt, tandis que l'autre, brusquement relevée, supporte un petit morceau de laiton dressé, qui va frapper la corde en dessous. Sa caisse, rectangulaire, sans pieds, se posant sur une table ou sur un support séparé, présente le clavier sur un des côtés de plus grande longueur. D'après Virdung (1511) le clavier contenait 38 touches, soit trois octaves et une tierce chromatiques. Dans le XVIIe s., on lui donnait 45 touches, comme au clavecin, mais il différait de celui-ci par cette particularité essentielle de compter environ moitié moins de cordes que de touches, soit de 22 à 26 cordes, pour 45 touches. Toutes les cordes étant de même longueur et chacune répondant à deux ou plusieurs touches, celles-ci, au moyen de leviers contournés, les attaquaient en des points différents. Les facteurs prenaient soin d'éviter que les touches fussent dans le cas d'appeler à résonner à la fois deux sons sur la même corde. Mais ce système, qui était dit lié, bornait les ressources harmoniques de l'instrument. On ne commença que vers 1720 à construire des clavicordes « indépendants » (en allemand Bundfrei), ayant une corde par touche. Si primitif qu'il fût, le mode d'attaque de la corde laissait place à une certaine gradation dans l'intensité sonore. Le son, toujours faible, pouvait être affaibli par une moindre pression. On le trouvait poétique, doux, mélancolique. En ajoutant au mécanisme des étouffoirs de drap s'appliquant sur les parties de la corde que l'on voulait empêcher de vibrer, on acheva de rendre le timbre de l'instrument voilé et délicat. C'était un instrument de demi-teinte et d'intimité. Quoique Forkel ait assuré que Bach le jouait volontiers, rien dans ses œuvres ne paraît lui être destiné, et dans sa succession, qui comprenait cinq clavecins et une épinette, ne figurait aucun clavicordes. Emmanuel Bach, au contraire, aimait le clavicorde et lui a visiblement consacré quelques œuvres, notamment la deuxième de ses Sonates pour les connaisseurs (1779). C'est lui qui sortit de l'ombre cet instrument, peu estimé auparavant. Le clavecin à marteaux, inventé presque simultanément à Florence, par Cristofori (1711), à Paris, par Marius (1716), en Allemagne, par Schrœter (1717), reposait sur le principe du clavicorde, qu'il relégua dans les greniers et les musées, vers la fin du XVIIIe s.

Voir aussi: Clavecin, Piano

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