Dictionnaire de Métronimo
Dictionnaire pratique et historique de la musique
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Trompette
Nom féminin.
Trompette à piston1. Instrument à vent en cuivre dont le tube est cylindrique jusqu'aux deux tiers de sa longueur, le développement conique du pavillon ne commençant qu'après cette distance. La trompette type, en , qui a pour son fondamental le a une longueur théorique de 2 m. 342. La trompette en fa, avec pour son fondamental le fa, de 172,6 vibrations, exige une longueur théorique de tube de 1 m. 969. On peut l'abaisser par des tons de rechange, au nombre de sept, dont les deux plus graves ne sont pas usités. Ainsi que pour le cor, le son fondamental n'est jamais usité, les harmoniques sont aussi nombreux, s'écrivent de même et, plus les tons de rechange sont graves, plus les harmoniques élevés deviennent faciles. La trompette en fa permet de se servir du 10e harmonique, celle en permet facilement l'usage du 12e et on la trouve chez Bach et Haendel employée jusqu'au 16e et même au 18e. La notation se figure aujourd'hui en ut. Elle représente l'effet réel seulement pour la trompette en ut (ut de 129,3 vibrations simples, longueur 2 m. 629). Haendel notait les trompettes au ton réel. On ne se sert des sons bouchés que très rarement, pour donner aux sons un coloris étrange. On usait au temps de Mersenne d'une sourdine, dont l'usage se perdit ensuite, et ne reparut qu'au cours du XIXe s. Wagner avait imaginé, pour les représentations de Bayreuth, une trompette-basse chromatique dont les facteurs allemands n'ont pas pu réaliser l'impossible construction ; le tube, tel que l'exigeait la sonorité rêvée par Wagner, aurait eu plus de sept mètres de longueur. La bass-trompete en ut dont il dut se contenter et qu'il employa dans plusieurs scènes de sa Tétralogie, était un simple trombone d'une forme apparente, semblable à celle d'une trompette. Pour les exécutions de fragments qu'il dirigeait à Paris, Lamoureux fit construire par Fontaine-Besson un instrument analogue à celui de Bayreuth et qui n'avait non plus de la trompette que le nom. On construit des trompettes à pistons destinées à empêcher la substitution regrettable du cornet à pistons à la trompette, substitution amenée par la plus grande facilité d'exécution; La trompette à pistons conserve « à peu près » le timbre si noble de la trompette. La petite trompette à 3 pistons en si, qui se joue comme le cornet à pistons, doit à son tube cylindrique sur les deux tiers de la longueur, de posséder un timbre clair et même éclatant. La petite trompette à 3 pistons en , construite par Manillon, spécialement pour l'exécution des œuvres de Bach et Haendel, rend possible l'exécution de passages qui présentent sur la trompette ordinaire en ré de très grandes difficultés; et conserve « assez heureusement » le timbre de celle-ci. La trompette à pistons, instrument chromatique, de 2 octaves d'étendue, est ordinairement construite en sol par les facteurs français, en la, par ceux d'Allemagne et de Belgique.

Trompette de cavalerieLa sonorité de la trompette à pistons, comparée à celle de l'ancienne trompette, semble « alourdie » et obscurcie, rendue moins éclatante. D'après Gevaert, cette altération n'est pas imputable aux pistons, mais aux changements effectués dans les proportions du tuyau et de l'embouchure. Si ces proportions étaient les mêmes que dans la trompette simple, l'instrument retrouverait toutes ses qualités. Les ressources de la trompette à pistons, qui est chromatique, s'adaptent à toutes les nécessités de la musique expressive moderne. Depuis le milieu du XIXe s., la trompette à pistons s'est ainsi substituée à la trompette simple dans l'orchestre : à moins que celle-ci, dans des théâtres et orchestres secondaires, n'ait dû malheureusement céder la place au cornet à pistons. On a construit pour les musiques militaires, des petites trompettes aiguës, dites piccolo, en si aigu avec un corps de rechange en fa. La trompette de cavalerie se construit en mi, sans tons de rechange. On emploie les harmoniques depuis le 2e jusqu'au 12e. Les sons fournis par la trompette simple dont se servaient les anciens maîtres sont :

Les sons 17 et 18 sont inaccessibles aux exécutants actuels; les anciens s'en servaient parce que l'embouchure de la trompette en était extrêmement petite, et que leur partie ne descendait jamais au-dessous du son 6. Il semble d'ailleurs que l'on ne soit plus en possession de tous les secrets d'exécution qui leur permettaient d'exécuter correctement certains passages à l'aigu des œuvres de Bach et Haendel. Gevaert dit que la trompette a douze corps de rechange produisant l'octave supérieure des douze sons les plus graves du cor. En formant une échelle chromatique de tous les sons réels fournis par la trompette à l'aide de ses corps de rechange on obtient une étendue de deux octaves et une sixte mineure :


D'après Gevaert, les tentatives pour introduire la trompette dans la musique de chambre « n'ont pas de portée esthétique et doivent être considérées comme de simples jeux d'esprit ». Mais ce sont de bien remarquables jeux d'esprit, que le Septuor de Saint-Saëns et la Suite de d'Indy.(Voyez plus bas.) Ces deux beaux ouvrages, composés pour la Société de musique de chambre fondée par Emile Lemoine et intitulée La Trompette, comportent tous deux une partie destinée à l'instrument sous le nom duquel cette société s'est rendue célèbre.

Les joueurs de trompette au service des villes servaient à annoncer solennellement les actes du pouvoir royal ou municipal. Depuis le XVe jusqu'au XVIIIe s., il y eut dans toutes les grandes villes de France un trompette de ville, sorte de héraut municipal, habillé aux couleurs de la cité. Il portait à Bordeaux, à Dijon, etc., une trompette d'argent, à la banderole armoriée.

La trompette figure dans l'orchestre de l'Orfeo de Monteverdi (1607) comme formant une famille de cinq instruments : Clarino, Quin-to, Alto, Vulgaro, Basso. Elle ne reparaît ensuite dans l'orchestre d'opéra qu'en 1675 dans Étéocle et Polinice, de Legrenzi. Sous son nom italien de tromba, elle prend place au XVIIe s. dans des concerts d'instruments. Girolamo Fantini en joue à Rome et exécute avec l'organiste Frescobaldi, des sonates. Ses œuvres imprimées vers 1630 consistent en espèces de fanfares, entrées, et airs de danse, pour plusieurs parties de trompettes. Purcell a écrit en 1690 une musique pour le drame Dioclesian, où l'on trouve un air dialogué entre la trompette et la voix d'alto, antérieur aux airs du même genre de Bach et de Haendel, et qui montre l'habileté des exécutants à cette époque. L'oratorio Samson de Haendel (1746) contient un air célèbre pour soprano et trompette obligée : The bright Seraphim. La cantate, La Fêle d'Alexandre, de Haendel (1736), contient dans la 2e partie un air de basse avec trompette en ré obligée : Revenge, Timotheus. Un des emplois typiques de la trompette en ré chez Bach est dans l'Oratorio de Noël, 6e partie, choral : long trait orné mesuré. Les trompettistes de cette époque avaient « une technique prodigieuse » (Gevaert). Cette technique se perdit en partie vers le milieu du XVIIIe s. Mais la trompette, compensa ce qu'elle perdait sur le terrain de la virtuosité en s'affermissant dans l'orchestre moderne. Comme habiles trompettistes du XIXe s., on cite encore Buhl (1781-1860), Dauverné, son neveu (1800-1874), Testé.

Dans l'orchestre dramatique ou symphonique, le timbre noble, fier, héroïque de la trompette, s'associe aux scènes guerrières, chevaleresques, à l'expression de sentiments héroïques. Elle jette des feux éclatants sur la couleur orchestrale d'un cortège, elle donne une solennité grave ou noble aux scènes funèbres et religieuses, aux imprécations, aux évocations.

Les maîtres classiques écrivent d'ordinaire 2 parties de trompettes. Mais Monteverdi en 1607 et un peu plus tard Lully employaient déjà 5 parties de trompettes. Spontini en met 4 sur le théâtre dans Olympie (1819); Weber emploie volontiers 4 parties de trompettes. Ce quatuor est triplé par Wagner dans Tannhäuser ,où 12 trompettes sonnent la fanfare qui commence la marche. Les fameuses trompettes droites que Verdi a introduites dans Aida, (1871) ont passé en leur temps pour une reconstitution archéologique. En réalité, les trompettes égyptiennes étaient très courtes (au plus 0 m. 50, embouchure et pavillon compris), et ne pouvaient donner que des signaux sur un degré aigu. Elles s'allongent seulement aux environs de l'ère chrétienne, et ne prennent toute leur ampleur qu'au moyen âge, où l'extrême longueur du tube commença à les faire courber, au XIVe s. (Voyez Trombone.) La Suite en ré, dans le style ancien pour trompette, 2 flûtes, 2 violons, alto et violoncelle, de d'Indy, est son op. 24, 1886, et contient 5 pièces : prélude, entrée, sarabande, menuet, et ronde française. Elle offre un des plus remarquables exemples de l'emploi moderne de la trompette.

2. Nom féminin. Dans l'orgue, série de jeux à anche de 8 pieds appelés en 16 pieds et en 32 pieds bombarde et tuba, et en 4 pieds clairon, clarino ou petite
trompette. Leurs tuyaux ont la forme de cônes renversés. Dans les anciens instruments, ces jeux rendaient un son rude que les facteurs modernes se sont appliqués à adoucir, peut-être en lui enlevant quelque chose de sa fierté. Les facteurs anglais construisent dans leurs plus grands instruments des jeux de tuba mirabilis à pression renforcée jusqu'au triple de celle donnée aux jeux du premier clavier. L'effet de ce jeu est très fort, « extraordinaire ». La série des jeux de trompette comprend en outre le trombone de 16 et 32 pieds, à tuyaux en pyramide carrée, des jeux de bombarde de même calibre. On a construit dans l'orgue de Sidney un contra-trombone de 64 pieds, dont le vent est fourni par un moteur spécial.

3. L'une des cordes de la vielle, résonnant en dehors de l'action du clavier et soumise, par le mécanisme d'un petit chevalet mobile, à des battements ou chevrotements dont l'exécutant règle la fréquence et l'intensité par le «coup de poignet ». (Voyez Trompette marine.)


Voir aussi: Trombone, Trompette marine

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