1. Dans les premières compositions harmoniques ou contrepointiques, le ténor était la partie la plus grave, la base de l'harmonie et du rythme, au-dessus de laquelle se disposaient les autres voix, motet, triple, quadruple. Les ténors étaient donc, indépendamment de la nature des voix, des mélodies ou des fragments de mélodies choisis pour jouer le rôle de basse ou de partie fondamentale. C'est leur acception au XIII
e et au XIV
e s. A cette époque, les musiciens puisent leurs ténors à 2 sources, le chant liturgique, la chanson profane. Lorsqu'on choisissait un ténor profane, en langue vulgaire, son rythme était conservé. Lorsqu'on empruntait un ténor au chant liturgique, le déchanteur, n'ayant pas à se préoccuper d'un rythme absent, n'envisageait que la succession mélodique, dont il réglait la symétrie rythmique à sa guise, imposant au thème une forme modale (rythmique) qu'il ne connaissait pas. C'est ainsi que les contrepointistes s'accoutumèrent peu à peu au travail thématique. Le
Cantus firmus était travaillé comme une matière inerte à laquelle l'ouvrier donne la forme et la vie. On voit dès le moyen âge les contrepointistes se reprendre l'un à l'autre un même thème pour le traiter différemment. On a trouvé jusqu'à six traitements du ténor
Eius, fragment du répons
Stirps Jesse (attribué au roi Robert) dans le manuscrit de Montpellier. C'est par cette coutume devenue traditionnelle que l'on explique les traitements renouvelés de thèmes chez les maîtres des XV
e et XVI
e s. Les manuscrits ne portent généralement que le premier mot du texte du ténor choisi :
Aptatur, ou
Haec dies, etc. Cette absence de paroles, jointe à la notation en ligatures, a fait supposer une exécution instrumentale. C'est une hypothèse discutable.
2. Voix d'homme élevée, placée au-dessus du baryton, et correspondant à peu près à celle du soprano chez les femmes et les enfants. Toutefois, la voix de ténor, par rapport aux autres voix d'homme, est plus élevée que ne l'est le soprano par rapport aux dessus. La voix de ténor aigu était autrefois qualifiée de haute-contre.