Dictionnaire de Métronimo
Dictionnaire pratique et historique de la musique
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Stabat mater
Les deux premiers mots d'une célèbre « complainte » sur les douleurs de la Vierge Marie au pied de la Croix, dont les paroles furent écrites au XIIIe s. par le franciscain italien Jacques de Todi, surnommé Jacopone. Le même auteur écrivit une pièce analogue, commençant par les mêmes mots, sur les joies de la Vierge à la Crèche. Le Stabat mater speciosa et le Stabat mater dolorosa forment donc diptyque. Le second seul, à partir de la fin du XVe s., alimenta la piété populaire, et on commença bientôt à le mettre en chant et à en faire des adaptations en langue vulgaire. Le thème traditionnel depuis environ la fin du XVIe s., est le suivant, répété de strophe en strophe :

Mais on le trouve aussi en mineur.

Josquin Després fut le premier à traiter le stabat mater en polyphonie. La composition à 5 voix, est fameuse; mais quatre voix seules sont chantantes : la cinquième est un tenor vagans sans paroles que les restitutions pratiques de M. H. Expert et de M. F. Raugel ont heureusement confié à un trombone, à cause de ses lentes tenues. Ce ténor est formé des notes de la chanson triste : Comme femme desconfortée. (Voyez l'exemple ci-contre)

Dans les éditions à partir de 1530, le tenor vagans du stabat mater de Josquin porte les paroles de cette hymne.

Le stabat mater de Palestrina, à 8 voix, est célèbre entre les compositions de son auteur par la prédominance de la disposition harmonique des parties, ou comme on aime à le dire aujourd'hui, par son écriture verticale, très rare chez Palestrina et à son époque. (Voyez ci-contre.)

Cette œuvre, très connue, a été plusieurs fois réimprimée. Le stabat mater de Steffani est à 6 voix, et fut écrit à l'occasion de sa réception comme président honoraire à vie de l'Academia of ancient music de Londres (1710). Mais on arrive à l'époque où la forme concert envahit la musique religieuse. Aless. Scarlatti écrit en ce sens deux stabat mater, l'un à 4 voix (1723) l'autre à 2; le stabat mater d'Emmanuel Astorga a été beaucoup vanté, celui de Pergolèse (1735) plus encore. On cite encore parmi les anciens auteurs italiens, Clari, en 1700, dont le stabat mater a été célèbre. Dans la liste des compositeurs de stabat mater plus récents, on voit figurer Boccherini, Winter, Schubert, deux  fois. Le trop célèbre stabat mater de Rossini date de 1832. Sa longue fortune, qui n'est pas encore complètement ruinée, s'explique par le caractère mélodique en style d'opéra et l'avantage pour les voix de cette œuvre diamétralement opposée à sa destination religieuse. L'école moderne peut avantageusement revendiquer le stabat mater de Bourgault-Ducoudray, œuvre d'une très belle tenue, pour soli, chœur, orgue, violoncelle, contrebasses, harpe et trombone (édité en l894) et dans la forme a cappella la très remarquable composition de Diepenbroek, d'Amsterdam (1895). Depuis que le stabat mater est entré dans la liturgie au XVIe s., on en a composé diverses mélodies liturgiques en forme de séquence : elles sont différentes suivant les éditions.

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