Adjectif.Épithète exprimant la qualité religieuse d'un genre de composition habituellement profane. Au moyen âge, Peire d'Alverne (fin XIIe s.), pour la langue d'oc, et Gauthier de Coincy (décédé en 1236), pour la langue d'oïl, ont employé pour ces chants en langue vulgaire le titre de chanson pieuse. Plus tard, on a dit piteuse. Au XVIe s., a prévalu le terme de spirituel : les musiciens polyphonistes ont ainsi traité à plusieurs voix des chansons spirituelles ou cantiques populaires en France, dans les Pays-Bas, en Allemagne. Dans l'Italie, les laudi spirituali ont rempli le même rôle lorsqu'il s'agissait simplement d'harmonisations verticales et de forme populaire; la composition la plus développée est conçue en forme de madrigal : d'où les madrigaux spirituels. Les plus fameux sont ceux de Palestrina, parus en 1581 et en 1594 ; ceux d'Animuccia, qui les avaient précédés, publiés en 1565 et années suivantes ; de Felice Anerio, à 5 voix, en 1585. On peut aussi ranger parmi les madrigaux spirituels les Lagrime del Peccatore, de Lodovico Agistine (1586), qui forment d'ailleurs le IVe livre de sa collection de madrigaux spirituels, et les Scherzi sacri, de Cafra, deux livres publiés en 1616.On trouve en France au XVIIe s., et au suivant, l'expression de Concert spirituel, prise dans le même sens : on sait que ce titre désigna une fondation célèbre de concerts parisiens, qui donna le branle à tout le pays. L'Air spirituel et le Dialogue spirituel, sont pareillement des airs à voix seule, des duos, trios, quatuors vocaux, pris, dans la même acception.
Voir aussi: Cantique, Chanson, Concert, Madrigal