Dictionnaire de Métronimo | |
Dictionnaire pratique et historique de la musique | |
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On distinguait dans le système des sept hexacordes trois formes différentes : l'hexacorde naturale, qui commençait par un C de l'échelle générale (un ut actuel), l'hexacorde molle, qui commençait par un F (notre fa actuel), et l'hexacorde durum, qui commençait par un G (le sol de notre époque). La disposition du tableau des hexacordes, sous sa forme la plus simple, était :
A | B | C | D | E | F | G | a | b | |
la | ut | ré | mi | fa | sol | la | |||
mi | fa | sol | la | ut | ré | mi | fa | ||
ré | mi | fa | sol | la | ut | ré |
Par le tableau, on se rend compte de ces dénominations : L'hexacorde naturale, ut ré mi fa sol la conforme à la gamme C D E F G a d'ut majeur actuelle, plaçait sur E-F sans qu'il fût besoin d'accident, les syllabes caractérisant le demi-ton, mi-fa. Dans l'hexacorde molle ces syllabes placées sur a-b nécessitaient l'emploi du b rond (b mol). Dans l'hexacorde durum, elles nécessitaient le b quadrum (b carré). Lorsqu'une mélodie dépassait l'étendue de l'hexacorde, on passait à l'hexacorde suivant par le moyen de la mutation, ou muance, qui ramenait de nouveau les syllabes mi-fa sur le demi-ton. Il était devenu d'usage d'indiquer la désignation complète d'une note à la fois par la lettre alphabétique et par les syllabes qui pouvaient la désigner dans les divers muances : A la mi ré ; C sol ut fa; F fa ut; G sol ré ut, etc. L'expression « bémol » ou « bécarre » venant après la note n'indiquait pas que ce son était altéré, mais visait l'altération de la tierce : G (ou G sol ré ut) signifiait mode de sol avec si.
Le système de la solmisation par les muances et l'usage exclusif des hexacordes dans l'enseignement se maintinrent depuis le temps de Guido (XIe s.) jusqu'au XVIe s. En 1482, Ramis de Pareja, théoricien espagnol, osa le premier qualifier de « ridicule » une doctrine que Guido n'avait pas prétendu rendre à ce point obligatoire. Il s'en était servi, dit Ramis, seulement par occasion (et peut-être comme essai pédagogique), puisque dans tous les exemples notés de ses ouvrages, il se sert constamment des lettres de l'alphabet; ce sont ses élèves qui, en se tenant attachés servilement aux syllabes de la solmisation ont fini par les rendre obligatoires. Ramis proposait d'autres syllabes, mais les syllabes importent peu, et beaucoup d'auteurs en imaginèrent des séries différentes. Ce qui est essentiel, c'est que Ramis (1482) proposait une série de huit syllabes, et par conséquent l'adoption de l'octave en remplacement de l'hexacorde : Psal-li-tur per vo-ces is-tas. Par le fait, Ramis est l'inventeur du si, sous un autre nom, en tant que 7e degré de la gamme diatonique complète d'une octave.
L'abandon du système des hexacordes ne se fit pas sans luttes. De longues discussions s'élevèrent entre les savants. Le système des octaves ne fut définitivement adopté, en théorie tout au moins, qu'à l'époque de Zarlino (milieu du XVIe s.). Quant au nom de si, donné à la 7e syllabe, son introduction est attribuée à différents musiciens, le compositeur flamand Hubert Waelrant, un autre flamand vivant à Munich, Anselme de Flandre, le Français Lemaire, et autres. Waelrant fut un de ceux qui proposèrent une série complète de syllabes pour les 8 notes, bo, ni, ma, lo, za, di, se, bo. Ces changements de noms, et ceux que l'on voit offrir encore de temps en temps, sont de purs enfantillages, aussi conventionnels que les syllabes guidoniennes, qui ont du moins le double mérite d'une longue tradition et d'une presque universalité d'emploi. La seule chose utile fut la transformation de la solmisation par les muances en hexacordes, qui devint le solfège moderne par octaves.
En Allemagne, l'adoption de la 7e syllabe pour éviter les muances était achevée dans la 2e moitié du XVIIe s. D'autres syllabes, bo, ce, di, ga, lo, ma, ni, réunies sous le nom de bocedisation, avaient été proposées, au sujet desquelles les théoriciens n'étaient pas d'accord. Le petit Traité de Kraftius, publié à Copenhague en 1607 dit formellement que, « pour éviter la difficulté des muances, les maîtres de musique de ce temps ont ajouté, aux 6 syllabes depuis longtemps en usage une 7e, qu'ils nomment tantôt si et tantôt bi ou be ». L'Allemand Burmeister fixait déjà à 7 le nombre des syllabes, appelant la dernière Se, dans son Traité de 1599, en disant que la 7e syllabe évitait aux enfants le labeur pénible des muances. Carissimi, dans son Ars cantandi imprimé en 1692 en allemand (l'original est perdu), donnait le tableau de la solmisation à titre de curiosité, le déclarant « aujourd'hui relégué parmi les cassements de tête inutiles ».
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