Nom masculin.Transport d’une œuvre musicale à une autre destination. Réduction d’une partition de chœur ou d’orchestre pour le piano ou tout autre instrument. Remaniement d’une composition pour en étendre l’accès à d’autres catégories d’exécutants, ou la conformer aux changements de la mode. La pratique des arrangements fut connue dès le moyen âge. Elle consistait, dans la musique vocale, en adaptations de paroles nouvelles à des airs préexistants et, dans la musique instrumentale, en transcriptions écrites ou improvisées de tous genres. Vers la fin du XVe s. on arrangeait déjà pour le luth et l’orgue des chansons polyphoniques, des motets, des messes entières. L’usage se perpétua et s’élargit de siècle en siècle. Bach et ses contemporains en appliquaient eux-mêmes les procédés à leurs propres ouvrages ainsi qu’à ceux d’autrui. Bach a arrangé 16 concertos de violon de Vivaldi pour le clavecin et 3 autres pour l’orgue; il a, de plus, transformé une œuvre pour 4 violons, du même auteur, en un concerto pour 4 clavecins. Haendel plus qu’aucun autre musicien a été coutumier d’arrangement et d’emprunts qui allaient jusqu’au plagiat. Du moins la forme nouvelle donnée par de tel maîtres aux compositions qu’ils arrangeaient était-elle toujours de la plus haute valeur artistique. Il n’en fut pas de même pour les remaniements que l’on prit l’habitude de faire subir aux partitions d’opéras, à chaque remise à la scène. Les arrangements grotesques de La Flûte enchantée, de Mozart (sous le titre : Les mystères d’Isis), par Lachnith et Kalkbrenner (1801), et du Freischütz, de Weber (sous le titre de Robin des bois), par Castil-Blaze (1824) sont restés fâcheusement célèbres. Les chefs-d’œuvre du genre oratorio n’ont pas été préservés des ravages de l’arrangement. Quelques-uns de ceux de Haendel, après avoir été déjà réorchestrés par Mozart ou par Robert Franz, ont été remaniés par des musiciens moins autorisés, qui ont, comme, dans Jephté par exemple, transposé des morceaux, supprimé des rôles, échangé des voix et introduit des fragments extraits d’autres partitions. Les arrangements présentés sous le titre de « reconstitution » sont trop souvent arbitraires ou inexacts, et ceux qui consistent en une simple orchestration, presque toujours inutiles. On a été, en ce genre, jusqu’à prétendre transformer en symphonies les Sonates de piano de Beethoven. Entre les mobiles qui contribuent à multiplier les arrangements, figure l’intérêt des éditeurs, qui exploitent le succès commercial d’une œuvre en la débitant par tranches appropriées à tous les goûts, à tous les instruments et à tous les degrés de virtuosité. On doit compter aussi comme un facteur important la rareté des œuvres originales écrites pour certains instruments ou certains groupes d’instruments et notamment pour les orchestres militaires et les fanfares civiles, dont le répertoire ne s’alimente guère que d’arrangement.
Voir aussi: Adaptation, Réalisation, Réduction, Transcription