Dictionnaire de Métronimo
Dictionnaire pratique et historique de la musique
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Nuance
Nom féminin.
Variante d'intensité sonore dans l'exécution musicale. Les nuances d'intensité, jointes au phrasé ou accentuation rythmique, communiquent la vie et l'expression à l'exécution. Les nuances d'intensité sont indiquées par des termes spéciaux, pour la plupart italiens, et par des signes. Le signe de liaison qui s'étend au-dessus d'un groupe de notes ressort plutôt de l'accentuation et du phrasé. Il indique cependant une manière soutenue d'attaquer le son et de le rattacher aux sons, voisins, qui relève de l'intensité. Le point, l'accent aigu, placé verticalement, le point surmonté d'un petit trait horizontal, ou tiret, prescrivent respectivement une attaque légèrement détachée, très détachée (piquée), ou légèrement soutenue.


Un signe en forme de V placé verticalement indique que le son doit être fortement appuyé; placé horizontalement, il signifie que le son attaqué avec force doit être ensuite diminué d'intensité. Ce dernier signe est appelé soufflet.


Le soufflet étendu à une suite de notes ou à une phrase entière prescrit, selon sa direction, une augmentation graduelle de l'intensité ou une diminution graduelle . Ce signe correspond aux mots Crescendo et Decrescendo, ou diminuendo.

Les termes de nuances s'expriment en toutes lettres ou par abréviations : dim., decresc. = diminuendo, decrescendo; cresc. =crescendo; p, pp == piano, pianissimo; mf = mezzo forte; f, ff = forte, fortissimo; rinf. = rinforzando; = sfz = sforzando. (Voyez aux mots correspondants.)

On est assez peu renseigné sur les nuances en usage aux plus anciennes époques, où, en dehors des sons piqués, tremblés, etc., l'expression s'obtenait plutôt par l'opposition de deux voix, de deux chœurs ou groupes instrumentaux, de qualités différentes. C'est seulement d'après les usages de la fin du XVIe siècle, que Prætorius (Syntagma, 1619, III, 3e p. p. 112), parle des gradations d'intensité et de vitesse, que les Italiens marquent par les mots forte, piano, praesto, adagio, lento, et qui font grand effet sur l'oreille et sur l'âme. Quelques musiciens, dit-il, n'admettent pas ces nuances à l'église.

Les nuances d'intensité, marquées chez les Italiens par les lettres f et p., se succèdent souvent de très près et forment des contrastes. Mais le crescendo, conduisant progressivement du piano au forte, était aussi pratiqué par les Italiens bien avant de pénétrer à Mannheim, où l'on a prétendu voir son berceau. Le président de Brosses en parle en 1739. Un signe spécial est employé en 1739 pour le crescendo dans une édition anglaise des premières Sonates de Geminiani. Ce violoniste range, parmi les 14 ornements ou moyens d'expression dont il recommande l'étude et la pratique,'4 nuances d'intensité qui sont : le piano, indiqué par un p, le forte, par un f, l'augmentation du son, indiqué par un signe et la diminution de volume du son, par le signe contraire . C'est la première notation connue du crescendo et decrescendo.

La partition de l'opéra-ballet Platée, de Rameau (1749), qui est pleine d'intentions bouffonnes et imitatives, contient de nombreuses prescriptions relatives aux nuances dans l'exécution.


Voir aussi: Diminuendo, Crescendo, Forte, Fortissimo, Mezzo forte, Piano, Pianissimo, Rinforzando, Sforzando

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