Artifice mélodique consistant à faire entendre un son avant le temps fixé, ou un ou plusieurs des sons d’un accord conclusif avant la cadence finale. Geminiani (vers 1740) classait l’anticipation parmi les ornements susceptibles de produire un heureux effet, notamment lorsque la mélodie monte ou descend un intervalle de seconde :
C’est ainsi que Beethoven l’emploie dans ce passage :
L’anticipation se fait sur un temps faible du temps. Elle est toujours de peu de durée. On l’appelle
directe lorsque la note qui anticipe est la même que celle qui lui succède;
indirecte, lorsqu’elle en diffère. Elle peut se faire dans plusieurs parties à la fois ou s’appliquer à un accord tout entier. Les classiques en ont largement usé :
Il y a anticipation, non plus d’une note, mais de tout un fragment mélodique, dans les quatre mesures qui précèdent l’allegro final de la
Symphonie en ut mineur, de Beethoven, ainsi que dans la célèbre entrée du cor, de la
Symphonie héroïque. De telles anticipations, qui sont l’annonce d’un thème imminent, contribuent à l’expression dramatique, dans la musique de théâtre. Berlioz, dans
Les Troyens, au moment où Didon jure fidélité éternelle à la mémoire de Sichée, a mis sur les lèvres d’Anna une allusion anticipée au thème de la Marche troyenne, qui est un pressentiment de l’approche d’Énée :