Cantique de la Vierge (Évangile selon saint Luc, ch. I), dont le chant est placé dans l'office des vêpres. Une formule spéciale de psalmodie lui est affectée. La coutume s'établit dès la fin du moyen âge d'en exécuter les versets alternativement à deux chœurs, dont l'un chantait la mélodie liturgique à l'unisson, et dont l'autre y ajoutait une harmonisation en faux-bourdon. Depuis le XVe s., un grand nombre de compositeurs ont traité le texte du magnificat, soit, pour l'usage du culte, par versets, à plusieurs voix et dans les huit tons, comme l'ont fait, entre autres, Orlando de Lassus, Palestrina (1591), et Artus Auxcousteaux, soit, à une époque plus récente, en forme de grande cantate religieuse, avec soli, chœur et orchestre ; on doit citer en ce genre les magnificats de Lalande, de Bach, comprenant autant de morceaux que le texte sacré offre de versets, de Lotti, de Durante. Une tradition déjà fort ancienne permet de faire alterner avec les versets chantés en plain-chant une série de pièces d'orgues spécialement composées ou improvisées dans ce dessein. Les magnificats pour orgue de Titelouze (1621) sont célèbres. Établis sur les thèmes des tons liturgiques de la psalmodie, leur auteur les composa en cherchant à les traiter à l'instar d'un motet polyphonique vocal, comme si les diverses parties prononçaient les paroles et exprimaient le sens des versets ainsi suppléés par l'orgue. Ses successeurs, malgré les prescriptions de l'Église, n'eurent pas toujours ce goût et cet art. Les magnificats de Dandrieu par exemple (1740) sont des sortes de suites ouvertes et closes par un grand-chœur ou un plein jeu majestueux ou brillant, et dont les différents morceaux sont destinés à mettre en lumière les diverses ressources de l'orgue, sans égard au sens des versets du cantique. Les magnificats de César Franck, publiés comme œuvre posthume sous le titre erroné L'Organiste constituent un mélange singulier où des pièces remarquables avoisinent de véritables erreurs esthétiques.
Voir aussi: Faux-bourdon