Nom féminin.Jeu d'orgue, de la série des jeux de mutation, dans lequel chaque touche est mise en relation avec une série de tuyaux qu'elle fait parler simultanément et qui donnent, avec la fondamentale, les premiers sons harmoniques, ou partiels. On ne met plus de fournitures dans les orgues de peu d'importance, qui ne dépassent pas une dizaine de jeux, et l'on proportionne en général la composition de la fourniture à la richesse de l'instrument. La fourniture comprend, d'ordinaire l'octave, deux fois redoublée, avec les quintes intermédiaires. Pour en augmenter la plénitude, on y fait entrer la tierce. Dans, la facture allemande, on nomme Acuta, la fourniture quintuple qui, sur un do, donne sol-do-mi-sol-do, et jeu mixte, ou mixture, ou sesquialtera, celle qui fait entendre avec la quinte, la tierce au-dessus de l'octave, ou dixième, ut-sol-mi. La facture de ces jeux, qui sont composés de tuyaux d'étain ou d'étoffe, réclame une justesse absolue, sans laquelle, les sons harmoniques n'étant pas absorbés complètement par le son fondamental, « tout leur effet est détruit ». A une certaine époque, il a été de mode de les qualifier de barbares, et plus d'un a disparu dans des réfections d'anciennes orgues exécutées vers le milieu du XIXe s. Gevaert n'a pas eu de peine à démontrer qu'en construisant les jeux de fournitures les organiers des siècles anciens avaient au contraire fait preuve d'une singulière perspicacité musicale : leur travail consistait à renforcer les harmoniques, qui existent dans la nature, et contribuent à notre insu à la beauté du timbre; ils en avaient, avant les acousticiens, deviné l'existence et compris la nécessité.