Dictionnaire de Métronimo | |
Dictionnaire pratique et historique de la musique | |
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Ces statuts, à peu près semblables à ceux des autres corporations d'arts et métiers, furent confirmés en 1679. Dans le texte d'un arrêt du Parlement, de 1692, les deux dénominations de Facteurs d'orgues et Faiseurs de hautbois, flûtes, etc., sont soigneusement séparées. En 1731, un document officiel admet sur le même pied le mot luthier, répandu chez les musiciens depuis le temps de la grande vogue du luth et peu à peu étendu non seulement aux faiseurs d'instruments à cordes, mais aux fabricants de flûtes, etc. De nos jours, le vocable faiseur est abandonné; on appelle facteur celui qui s'est spécialisé dans la fabrication des orgues, des pianos, des harpes et des instruments à vent ; le mot luthier est réservé aux fabricants d'instruments à cordes à manche, avec ou sans archet. La corporation des « maîtres luthiers, facteurs et faiseurs d'instruments » de Paris subsista jusqu'à l'édit de Versailles (1776), non sans avoir à se défendre contre les corporations rivales des boisseliers, des tabletiers, des peintres, etc., qui arguaient de leurs privilèges pour mettre opposition à l'emploi de certains bois ou métaux et à la décoration des instruments. La fabrication des instruments de cuivre restait réservée aux chaudronniers; il n'appartenait qu'aux orfèvres de faire des trompettes d'argent. La réorganisation des corporations en 44 communautés, qui suivit l'édit de suppression, rangea, sous le seul nom de luthiers, tous les facteurs d'instruments dans la même catégorie que les tabletiers et les éventaillistes. L'abolition et l'interdiction des groupements corporatifs et la liberté des métiers furent proclamées en 1791 par l'Assemblée nationale. A cette époque, le nombre des facteurs exerçant à Paris, avec le titre de maîtres, était de 56, en diminution de plus de moitié sur le chiffre de 120, atteint en 1783.
A mesure que se développait, dans le XIXe s., cette branche de l'industrie française, l'isolement de ses représentants et le manque d'entente sur les questions les plus essentielles à sa prospérité firent désirer la reconstitution d'un organisme professionnel qui offrît les avantages du groupement corporatif sans retomber dans la tyrannie méticuleuse, et tracassière des anciennes communautés. Une Société des fabricants de pianos fut fondée en 1853 sous la présidence de Camille Pleyel et prit un peu plus tard le titre de Société syndicale des fabricants de pianos et autres instruments de musique. Après diverses alternatives de scission, création d'un groupement dissident et finalement fusion des deux associations rivales, la Chambre syndicale des instruments de musique s'organisa définitivement sous le régime de la loi de 1884. A l'époque de l'Exposition universelle de 1900, elle comptait 88 membres. Une Chambre syndicale des pianos et orgues, fondée en 1899 par des facteurs et marchands secondaires, pour soutenir les intérêts du commerce de détail, comptait à la même époque 37 membres. L'ancienne organisation corporative, en mettant obstacle à la création de vastes ateliers, permettait au contraire une certaine extension par groupements familiaux; parmi la multitude des noms de facteurs que mentionnent les documents historiques ou dont quelques productions subsistent, figurent en effet ceux de pères, fils, frères, ayant exercé simultanément ou successivement la même profession. On rappellera ici les noms des Ruckers, d'Anvers, facteur de clavecins aux XVIe et XVIIe s., et ceux des Cliquot, des Dallery, des Serassi, des Silbermann, des Callinet, des Isnard et des Cavaillé (orgues), des Blanchet, des Érard, des Broadwood, des Pleyel, des Ibach, des Steinway (pianos), des Cousineau, des Naderman (harpes), des Hotteterre, des Lot, des Triebert, des Sax (instruments à vent), etc.
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